jeudi 26 janvier 2012

CAFOUILLAGE POLITIQUE ET ENLISEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


L’accélération des troubles sociaux pendant ces dernières semaines, a pris une tournure assurément dramatique avec des accès insurrectionnels incontestables. L’explosion des demandes sociales, que nous avions déjà vécue au lendemain de la révolution,  s’est doublée à présent de comportements nihilistes et d’une attitude de défiance à l’égard du pouvoir nouveau.
A la question de savoir comment nous en sommes arrivés là, je répondrais d’abord que ces dérives n’ont rien à voir avec les forces plus ou moins occultes auxquelles ont veut bien les attribuer. Loin d’être des exactions capricieuses, ces comportements extrêmes mettent à nu une aggravation des fractures de toutes sortes qui ont été à l’origine de la révolution. Ces comportements trouvent leur origine, à mon sens, dans la gestion démagogique de la période électorale suivie du cafouillage politique désastreux de l’après-élection qui a nourri la défiance intérieure à l’égard du gouvernement et compliqué les chances de rémission économique en nourrissant également la défiance extérieure.
Rappelons, en effet, que l’absence de libertés, la pensée unique, le régime du parti-État, l’orientation économique ultralibérale, la corruption généralisée et la prédation ont exacerbé l’individualisme et ébranlé le lien social, notamment au cours de la dernière décennie. Il en a découlé une fracture sociale, économique  et territoriale dont les manifestations ont été l’appauvrissement extrême de pans entiers de la société, la désertification économique de régions entières, la généralisation des comportements individualistes, la banalisation des passe-droits et le pervertissement des institutions.
Durant l’après-révolution, les nombreux soubresauts qui ont secoué le pays et dont la lame de fond était fondamentalement sociale, avaient néanmoins privilégié les avancées du processus politique qui nous a conduits au processus constitutionnel actuel. Fortes d’une situation économique encore tenable, aussi bien la population que les forces politiques considéraient implicitement que la rénovation politique primait l’urgence sociale. L’organisation des élections était considérée comme un cap crucial qui méritait quelques sacrifices temporaires. Le dernier gouvernement provisoire avait géré les secousses sociales en se focalisant sur le cap électoral, aidé en cela par son engagement à ne pas être partie prenante à la course politique.
A l’approche des élections, la surenchère électorale avait laissé entendre que la mise en place d’une assemblée allait permettre de répondre à toutes les demandes en suspens. Affirmation on ne peut plus démagogique. Dès le lendemain des élections, cependant, et pendant plusieurs semaines, les trois partis de la majorité allaient offrir à la population le spectacle de personnes obnubilées par le partage des portefeuilles et des privilèges en dehors de tout engagement programmatique qui aurait suggéré leur souci des urgences du pays et rassuré la population en attente. La démission impromptue du gouvernement provisoire sortant n’y fit rien. Censée produire un électrochoc sur le nouveau pouvoir, elle lui causa tout au plus de la contrariété, ne hâta pas la formation du gouvernement et donna à la population encore plus de raisons de s’en défier.
Puis vint l’épisode du vote de la loi d’organisation des pouvoirs publics. La tentation hégémonique évidente du parti Nahdha et le refus de la troïka de s’engager sur la durée de la période transitoire sans qu’un programme économique vienne légitimer de tels desseins, constituèrent une présomption de plus que les préoccupations des nouveaux gouvernants étaient fondamentalement politiques.
L’invitation de figures du rigorisme religieux dans le monde, la banalisation des dérapages haineux des extrémistes, les déclarations hasardeuses du Président sont autant d’actes cavaliers qui achèvent notre tourisme et brouillent notre politique étrangère avec toutes les conséquences désastreuses sur nos relations économiques avec nos partenaires historiques, principalement européens.
Enfin, face à un gouvernement peu réactif aux demandes sociales des plus démunis et qui fait preuve d’un laxisme complaisant et partial envers les exactions farfelues de groupuscules religieux dans certaines régions et à l’université et qui hypothèquent le sort de pans entiers de la société, il n’est pas étonnant que la fracture sociale exacerbée conduise les gens au désespoir le plus destructeur et aux comportements insurrectionnels.
Pour terminer, je dirais que la déliquescence de l’Etat, le maniement maladroit de nos relations extérieures et la cassure sociale qui s’accentue nous font passer de la formidable bouffée d’espoir née de la réussite des élections à une morosité générale née de la perception négative que les Tunisiens ont de leur avenir et qui risque d’affecter leurs décisions de consommation les plus anodines et déprimer ainsi une économie déjà mal en point.

mercredi 18 janvier 2012

Monsieur le président de la république, je ne vous félicite pas !!


Malgré le secret qui entoure le monde carcéral en Tunisie, les rares statistiques disponibles indiquent que notre pays compterait une population carcérale d’environ 31 mille individus. Avec environ 297 détenus pour 100 mille habitants, nous nous classons parmi les pays les plus répressifs au monde.

Nous avons appris que le président de la république, à l’occasion du premier anniversaire de la révolution, a amnistié près de 9 mille détenus. Le ministre de la justice a également déclaré qu’à l’issue de cette opération il ne restait plus, dans les prisons tunisiennes, personne de moins de 20 ans ou de plus de 60 ans. Recevant les doléances de parents de détenus non touchés par cette amnistie, il a promis qu’à l’occasion du 20 mars prochain, d’autres dossiers allaient être examinés.

Cette nouvelle n’a pas manqué de choquer un nombre très important de Tunisiens et de leur rappeler le triste souvenir des évasions au lendemain de la révolution d’un nombre presque équivalent de prisonniers mutins. En effet, le chiffre annoncé de 9 mille détenus amnistiés est absolument  inhabituel dans notre pays. Rapporté à la population il signifie qu’on relaxé, le même jour, un détenu pour 1160 habitants ! Quand on sait que le pays est actuellement aux prises d’un chômage endémique, d'une crise économique profonde et d’une délinquance juvénile inhabituelle, tournant notamment autour du trafic de stupéfiants, on peut redouter que la remise en liberté de ces 9 mille détenus dans ces circonstances contribue à les livrer de nouveau aux aléas de la rue et de la délinquance et élever d’un cran le degré d’insécurité dans le pays. Les affrontements et pillages enregistrés au Kef le 18 janvier et menés selon les autorités locales par plusieurs ex-détenus amnistiés ne font que confirmer ces craintes.

En outre, se targuer d’avoir vidé nos prisons des mineurs ne nous semble pas un motif de fierté en soi. Car sans une prise en charge psycho-sociale à leur sortie de prison, il est fort à craindre qu’ils soient rapidement tentés par la récidive dans le climat délétère que vivent certains quartiers actuellement.

Pour achever de nous terrifier, nous apprenons que des délinquants sexuels, catégorie exclue par le passé du droit de grâce, ont également été amnistiés ! Cette décision fut sans conteste la plus dangereuse et la plus cavalière. Ses conséquences n’ont hélas pas tardé à se manifester de la manière la plus dramatique. En effet, un pédophile amnistié a été gravement poignardé, pas plus tard que le 17 janvier, à Ksibet El Madyouni par l’un des deux garçons qu’il avait violés alors qu’ils n’avaient que 8 ans touts les deux. Maudite amnistie qui a fait de la victime d’un viol, un assassin !!! On apprend avec stupeur que la, désormais, victime avait purgé 11 ans sur les 15 auxquels il fut condamné.

Cette affaire tragique soulève la question de la pertinence de l’amnistie des pédophiles et la légèreté avec laquelle on a décidé de lâcher dans la nature de tels individus sans mesurer leur dangerosité pour autrui ni leur assurer le suivi psychologique nécessaire après tant d’années de réclusion.
Par ailleurs, on a beau nous dire que ces cas « répondent aux conditions prévues par la loi », celle-ci mérite sans doute une révision urgentissime lorsqu’elle conduit, pour un pédophile, à effacer 4 ans de prison, soit l’équivalent d’une peine pour un délit grave.

Messieurs le président de la république et le ministre de la justice, je ne vous félicite pas !! 
On attendait de votre part de la circonspection et de la responsabilité notamment envers les plus vulnérables parmi nous; nos enfants. 
Jamais on n’aurait imaginé que la libération anticipée des pédophiles allait figurer, dans vos esprits respectifs, au rang d’objectif de la révolution…

jeudi 12 janvier 2012

Médias : neutralité, dites-vous ?


Une pancarte brandie le 9 janvier à la Kasbah martelait la demande « populaire » que l’information soit « neutre, neutre, neutre » (sic). C’était dans le cadre d’une contre-manifestation organisée en marge de la journée d’action des journalistes pour la défense de la liberté des médias.

Depuis l’investiture de l’actuel gouvernement, ce soupçon de « non neutralité » adressé à nos médias vise invariablement les organes de presse qui adressent à l’action gouvernementale une critique un tant soit peu pertinente... De sorte que la pertinence du propos et la profondeur des analyses sont balayées par « l’arme fatale » de la non neutralité présumée.

Cette accusation récurrente n’est pas sans rappeler les sempiternels réquisitoires de la presse de Ben Ali à chaque fois qu’un journaliste étranger de retour de Tunis dressait un portrait nuancé de la réalité ou même insuffisamment admiratif. Cependant, même raccommodé à la sauce révolutionnaire et présenté comme une demande populaire, cet argument de la neutralité ne résiste pas à l’analyse lucide.

En effet, s’il est demandé aux journalistes manifestant contre les atteintes à la liberté de la presse d’être neutres, ceci est proprement cynique. La nomination du directeur des infos du service public ainsi que celle des thuriféraires de Ben Ali à La Presse et la censure de l'Express, Le Point et le Nouvel Observateur constituent des précédents graves devant lesquels la « partialité » n'est pas une option, mais un devoir.

Si en revanche, on demande aux organes d’information d’être neutres, c’est au mieux une vue de l’esprit, au pire une farce d’autant plus difficile à gober qu’on est un tant soit peu doué de bon sens.

On sait, en effet, que pour traiter n'importe quel sujet par l’écrit ou par l’image, un angle d'attaque ou de prise de vue doit être choisi et ce choix ne peut être absolument neutre. Il obéit toujours à une motivation individuelle, sociale ou politique dans une certaine mesure partiale et pas forcément répréhensible. Il n’est qu’à juger de la « simple » et si « consensuelle » considération de l’intérêt national que chaque journaliste est censé considérer comme « sacré ». Quels sont les groupes sociaux à considérer ou privilégier dans cet intérêt national ? Les intérêts des différents groupes sociaux sont-ils équivalents et interchangeables? A un moment donné, ne peut-il pas être légitime de les « valoriser » différemment ? Rien de tout cela n’est simple, ni immuable et le journaliste le plus professionnel aura toujours à faire un choix. Le tout est de tempérer cette partialité par la distance critique, la nuance, le doute et l’humilité et d’observer une rigueur sans faille quant à la réalité des faits. Ce qui est demandé à un journaliste est un traitement équilibré de l’information et non un traitement neutre. Le Monde ou le New York Times ne sont assurément pas neutres, mais sont néanmoins des organes de presse de qualité, dans une vision particulière à chacun d’entre eux. On peut les apprécier différemment, mais nul ne peut nier leur professionnalisme. Du reste, à proscrire la partialité, ne faudrait-il pas commencer par bannir la presse des partis?..

Nos médias ont encore un long chemin avant de répondre aux standards de la profession dans les démocraties établies. A l’image de nos gouvernants, ils se cherchent encore, ont du mal à gérer leur passé et traiter avec les vestiges de l’ordre ancien. Une sorte de sélection naturelle devra se faire. Aidons-la par la liberté et non la censure. Les plus belles espèces naturelles parvenues à notre ère se sont affinées dans la nature libre et non dans un zoo. Seule la liberté régulée par les instances idoines et des citoyens vigilants fera que la « bonne monnaie chasse la mauvaise ». La transition démocratique et la liberté des médias réussiront ensemble ou ne réussiront jamais.

vendredi 6 janvier 2012

قراءة نقدية للميزان الإقتصادي 2012


يندرج برنامج التنمية الاقتصادية لسنة 2012 في إطار عام يتسم بالصعوبة بالنسبة للوضع الخارجي و تعدد الرهانات بالنسبة للوضع الداخلي.
الضغوط الخارجية
 أما الوضع الخارجي فإن ميزاته البارزة هي غياب أفق واضح لتطبيع الأوضاع في ليبيا و بوادر تفاقم الأزمة الاقتصادية في أوروبا ووشوك اعتمادها مخططات تقشف تقلص من الطلب الأوروبي لمنتوجنا الوطني. أما على مستوى التمويل الخارجي للتنمية في تونس فإن خفض التصنيف الائتماني للديون التونسية يجعل شروط الاقتراض تزداد صرامة في المستقبل. كما أن فرص تمويل التنمية دون اللجوء إلى الاقتراض قد تقلصت نسبيا جراء تزايد جاذبية البلدان المنافسة لتونس في مجال الاستثمار الخارجي. أما على مستوى ميزانية الدولة, فإن عودة سعر النفط للتصاعد تزيد من عبئ التعويض على المحروقات على كاهل المجموعة الوطنية.
ارتباك وهشاشة الوضع الداخلي
على المستوى الداخلي, تعاني البلاد من المخلفات السلبية للثورة  مثل هشاشة الوضع الأمني وتزايد الحراك الاجتماعي المنظم وغير المنظم وعودة التونسيين من ليبيا ونتائج تصرف الدولة في الطلبات الاجتماعية على الموازنات العامة. أما على مستوى التنمية فإن النمو الايجابي لقطاعات الفلاحة والصيد البحري والصناعات الغذائية و الميكانيكية والكهربائية والنسيج والملابس والجلود والأحذية والاتصالات لم يكن كافيا لتغطية تقهقر أنشطة عدة أبرزها السياحة والنقل والمناجم وهو ما جعل النمو السنوي للناتج الداخلي الخام يقارب  0% في موفى 2011. يضاف إلى هذا الركود بوادر ارتفاع متوقع للأسعار في أكتوبر ب4.5  بالمائة و مشاكل تزويد للسوق الليبية تُسبب من حين لآخر ارتفاع أسعار بعض المواد الأساسية . 
نتائج هذا التباطئ الاقتصادي كانت جسيمة على البطالة حيث أن  عدد إحداثات الشغل الصافية لم يتعد  16000 في 2011  كما أن غلق  زهاء المائة مؤسسة أجنبية تسبب في فقدان 5900 موطن شغل أضيفوا إلى 76000 عائد من ليبيا ليكون عدد طالبي الشغل في موفى العام 710000 وهو ما يمثل نسبة بطالة ب 18 بالمائة. وتصل هذه النسبة إلى 24 بالمائة لدى حاملي شهادات التعليم العالي. علما أن إحداث منحة أمل مكن 147000 منتفع في أوت 2011 من حاملي الشهادات الجامعية من منحة بمائتي دينار شهريا. أما التوزيع الجهوي للبطالة فإنه يبرز تفشيا صارخا بمناطق مثل قبلي, قفصة, سيدي بوزيد, تطاوين و جندوبة أين تصل النسبة إلى  40بالمائة.
أما على مستوى الاستثمار الجملي فإن تراجعه ب 5.5  بالمائة جعله يمثل 22 بالمائة من الناتج الداخلي الخام. ويعزى هذا التراجع إلى المشاكل التي عاشتها قطاعات السياحة والنقل والاتصالات من ناحية وإلى ضعف نسبة انجاز المشاريع العمومية (17 بالمائة) وتراجع الاستثمار الخارجي المباشر ب 17.6  بالمائة من جانب آخر.
أما على مستوى ميزانية الدولة فان تراجع الموارد الجبائية بسبب الركود والضغط المتزايد على صندوق التعويض بسبب عدم تعديل أسعار المواد الأساسية والمحروقات, جعلا عجز الميزانية يصل الى 5.1 بالمائة من الناتج الداخلي الخام برغم السحب غير الكامل لخطوط التمويل الأجنبي جراء تعطل بعض المشاريع الكبرى.
ميزان الدفوعات الجارية الخارجية لم يسلم هو الآخر من تفاقم العجز الذي بلغ  4.3بالمائة من الناتج الداخلي مقابل 3.5 في نفس هذه الفترة من 2010. ويعزى هذا بالخصوص إلى تراجع فائض الخدمات السياحية. نتج عن هذا تقهقر مخزون العملة الأجنبية إلى 110 أيام من التوريد مقابل 121 يوما في أول السنة.
أهم توجهات الميزان الاقتصادي لسنة 2012
في ظل  هذه التحديات, يرنو منوال التنمية لسنة 2012 إلى  تحقيق نسبة نمو ب 4.5 بالمائة, بالموازاة مع إعادة الثقة في المتدخلين الاقتصاديين, إصلاح التوازنات العامة, تحقيق التنمية الجهوية و ذلك عبر استثمار24.9  بالمائة  من الناتج الداخلي, تحقيق بين 75000 و 80000 موطن شغل جديد, تفعيل اتفاقيات التعاون التقني مع الخارج وانجاز مشاريع بنية تحتية بالجهات المحرومة قصد جلب الاستثمار الخاص, كل ذلك دون أن يتجاوز العجز الجاري 5.2 بالمائة من الناتج الداخلي.
إن منوال التنمية هذا يفترض التعويل على استعادة العافية لقطاعات النزل والمقاهي والمطاعم (نمو ب 7 بالمائة  مقابل -31 بالمائة في 2011) والنقل والمحروقات والفسفاط وتكنولوجيات الاتصال (12  بالمائة) والفلاحة (4.4   بالمائة) والصناعات المعملية (4.3  بالمائة).
فرضيات غير واقعية واستنساخ للتمشي القديم
تجدر الإشارة هنا إلى أن فرضية التعافي السريع للسياحة ضعيفة جدا بالنظر أولا إلى المشاكل الهيكلية التي يعاني منها القطاع منذ ما يزيد عن العشرية, ثم إلى المناخ السياسي الحالي غير المستقر بالقدر الكافي وتخوف الفاعلين بالقطاع وتواتر أنباء في الخارج عن الانفلاتات الأمنية في الجهات.
أما فرضية نمو القطاع الفلاحي فإنها تبقى رهينة الظروف المناخية, في غياب التطرق لمجمل مشاكل القطاع. من ذلك تضارب نمط الاستهلاك الغذائي ونمط الإنتاج الفلاحي في مادة الحبوب  وسياسة التعويض وتشتت الملكية الفلاحية وصعوبة تطوير نمط استغلال الأراضي وضعف نسبة استغلال المستغلات الكبرى  وضعف الانتاجية وضعف الاستثمار وسياسة الأسعار وسوء التصرف في الأراضي الدولية وعدم تقييم مردود الضيعات المفوت فيها.
أما في ما يخص الصناعات المعملية فإنه لا يخفى أن نموها بالنسق المرتقب في الميزان الاقتصادي,  رهين استرجاع الصناعات الكيمياوية  لعافيتها وهي فرضية لا تستقيم دون مواجهة المشاكل الشائكة لقطاع المناجم من تعطل الاستثمار وإتلاف المعدات وتعويض الخسائر الفادحة لشركات الفسفاط خصوصا منها ما وقع في موفى نوفمبر. إضافة إلى ذلك فان نمو الصناعات المعملية مرتبط بنسق التصدير الذي قد يرتهنه التباطؤ المتوقع للاقتصاد الاوروبي خلال العام الحالي.
سياسة النعامة تجاه الإشكاليات القديمة
إن أهم إشكاليات الصناعات المعملية ومعوقات تطورها  بقيت مسكوت عنها في الميزان الاقتصادي. من ذلك تفتت النسيج الصناعي (5 بالمائة فقط من الشركات الصناعية يفوق عدد أجرائها العشرة)  الذي  ينعكس على الانتاجية وعلى حجم الاستثمار وخلق مواطن الشغل. كما أن من معوقات القطاع ضعف الإحاطة المؤسسية بشركات الإنتاج وضعف القدرة على التشخيص الاستراتيجي والإستشرافي وعلى التعرف على المشاريع المجددة و ظاهرة انفصام الصناعات المعملية إلى مؤسسات مصدرة (حوالي 2000 نصفها أجنبي ذات جودة وتنافسية سعرية) و أخرى برأس مال تونسي(حوالي 4000) تنتج للسوق الداخلية ولا تستجيب للمواصفات الدولية للإنتاج والجودة والتصرف وترزح تحت مديونية عالية وإنتاجية منخفضة وتواجه منافسة غير شريفة من السوق الموازية.
أما  في ما يخص نمو قطاع المحروقات فإنه يجدر الانتباه إلى انه مرتبط بتواصل ارتفاع سعر النفط كضمان لجدوى  الاستثمار. لذلك فإن تباطؤ الاقتصاد الأوروبي لا يدعم فرضية بقاء سعر البرميل بالمستوى الذي يضمن جدوى التنقيب في تونس وهذا ما قد يحد جديا من إمكانيات نمو القطاع بالقدر المرجو خلال العام 2012. كما نذكر في هذا الصدد بانعدام المجهود الوطني للتنقيب والاستكشاف وتركه للشركات العالمية حسب تطور الأسعار. يجدر التساؤل في هذا الصدد حول وجاهة شروط التعاقد مع هذه الشركات وظروفها وشفافية تطبيقها. كما أن من مشاكل القطاع ضعف قدرة التكرير الوطنية وعدم استغلال فرص الاستثمار في التكرير المتاحة بحكم جوارنا مع منتجين كبيرين هما ليبيا والجزائر.
هذا ما يجعلنا نخلص إلى أن نسق النمو المتوقع بمنوال التنمية غير واقعي من ناحية و لا كاف أمام تحديات التشغيل حيث أن إحداثات الشغل المتوقعة لا تزيد عن المعدل السنوي العادي الذي بالكاد يكفي لمواجهة الطلبات الإضافية السنوية ولا يسد بأي حال حاجيات طالبي الشغل المتخلفة من السنوات الماضية.      
أما فيما يخص تمويل التنمية فإن المخطط الاقتصادي يتوقع أن يغطي الادخار الداخلي 65  بالمائة من حاجيات التمويل مما يستدعي تعبئة موارد خارجية في شكل هبات ( 150 م د من التعاون الأوروبي و الدول الشقيقة والصديقة), قروض عمومية (3000 م د), قروض في شكل سندات دولة مزمع إسنادها من دولة قطر و كذلك ضرورة استقطاب الاستثمار الخارجي المباشر بشكل يجعل نسبة التداين الخارجي لا تزيد عن  38.8بالمائة من الدخل القومي المتاح (مقابل  44بالمائة في 2011) و يجعل خدمة الدين لا تتعدى 7.9 بالمائة من المداخيل الجارية (9.3 في 2011).
إن التعويل على الاستثمار الخارجي للحد من إجحاف الأسواق المالية و كلفة تمويل التنمية  يستوجب التحكم في المناخ السياسي والأمني والاقتصادي كما يتطلب وضوح الآفاق على المدى المتوسط وهذه أمور لا نتوقع حدوثها بالسرعة الكافية لطمأنة المستثمر الأجنبي وبالتالي فإنه يعسر تصديق فرضية عودة تدفق الاستثمار الخارجي المباشر هذه السنة بالقدر الكافي لخلق مواطن الشغل من ناحية واستحثاث النمو والتوقي من تزايد التداين من ناحية أخرى.  
 أما فيما يخص ميزانية الدولة فان توقع عجز بنسبة 5.1 بالمائة في هذا الميزان الاقتصادي لم يعد ذا موضوع حيث أن الأرقام المحينة تذهب إلى 7 بالمائة وهو ما يشدد الضغط على هامش تحرك الدولة في التدخلات الاجتماعية و الاقتصادية في قادم الأيام ويفرض أن تهتدي إلى سبل تنمية مواردها بشكل مواز.
غياب تصورات جديدة لمعضلة التشغيل
إن أبرز ما يمثل في رأينا نقطة ضعف منوال التنمية المقترح هو مجال التشغيل حيث اقتصر المشروع على مواصلة النهج القديم في التعاطي مع هذه المعضلة. ذلك أن المشروع يوكل إحداث مواطن الشغل بشكل مبهم إلى المبادرة الخاصة ولا يضبط من تدابير عملية تخص القطاع الخاص إلا المحافظة على مواطن الشغل داخل المؤسسات المتضررة أو المنكوبة و بعض الإجراءات التي تخص مساهمة الدولة مع الأعراف في التغطية الاجتماعية لمن يخفضون في ساعات عمل ومن تلحقهم البطالة الفنية كما تتدخل الدولة بالمساهمة المالية  لفائدة المؤسسات التي تخضع لإعادة جدولة ديونها أو بتأجيل دفع الأداءات المستوجبة للمؤسسات المغلقة مؤقتا.
عدا ذلك فإن التطرق إلى معضلة التشغيل لم يزد عن السياسات القديمة المتمثلة في مرافقة طالبي الشغل لتحسين تشغيليتهم والحديث المتكرر عن الهجرة المنظمة و التعاون الفني والذي نفهم منه ضمنيا التعويل على السوق الليبية رغم الظروف الصعبة التي ذكرناها آنفا أو السوق الخليجية رغم محدودية استيعابها. ويبرز هذا التوجه أن البطالة لا تزال تواجه بتدخلات ‘موضعية’ تعالج مشاكل آنية وتفتقر إلى الرؤية الإستراتيجية. كما أن تعدد برامج التدخل لفائدة طالبي الشغل وتشعبها وعدم جدوى البعض منها وارتفاع كلفة التصرف فيها يستدعي التحليل والمراجعة. أما بخصوص التدخل بواسطة الحوافز الجبائية فإنه يتطلب تقييم كلفته على ميزانية الدولة مقابل مردود هذه السياسات على التشغيل.
ان تفسير ما سبق يعود حسب رأينا إلى إنه منذ تخلي الدولة على التصور الاستراتيجي لدورها الاقتصادي الفاعل في التنمية والتصنيع منذ 1986, والاقتصار على المرافقة المؤسساتية للقطاع الخاص, حصل ما يشبه التخصص في أجزاء من الصناعات ذات المحتوى التكنولوجي الضعيف والقيمة المضافة البسيطة والمستعملة لليد العاملة البخسة. لكن العوامل الديمغرافية جعلت البلاد في نفس الوقت  تعزز تكوين اليد العاملة كما وكيفا وهو ما زاد في طلب الشغل من ناحية و مستوى التكوين من ناحية أخرى. وأمام تنامي هذا المشكل تمثلت إجابة الدولة في محاولة تكييف التكوين حسب حاجيات سوق الشغل بالموازاة مع تشجيع العمل الهش لخفض كلفته بالنسبة لنوعية الصناعات المنتصبة في البلاد. هذا يعني أنه  بفعل القيمة المضافة   الضعيفة للصناعات فإن النمو لم يكن ليبلغ النسق الكافي لتشغيل العاطلين وبفعل المحتوى التكنولوجي المتواضع فإن النمو لم يكن من النوع الذي يسمح بتشغيل الكم الهائل من حاملي الشهائد.
وبالتالي فإنه من الضروري, حسب رأينا, أن تكون للدولة رؤية إستراتيجية تقلب هذه المعادلة باتجاه  خلق نسبة النمو الكافية لاستيعاب طلبات الشغل كما و كيفا وليس العكس. يكون ذلك بتوخي سياسة تحفز الصناعات ذات القيمة المضافة المرتفعة والتي تتطلب يد عاملة ذات تكوين عال. بذلك يكون الهدف بلوغ نسب نمو أعلى من ال5 بالمائة المعتادة (وغير الكافية) و خلق مواطن الشغل المناسبة لليد العاملة الجيدة عوض تكييف التكوين لحاجيات قطاعات لا يرجى منها أساسا أي نمو مرتفع.
ضبابية منوال التنمية الجهوية  
أما بخصوص التنمية الجهوية  فإن تصورات الميزان الاقتصادي لا تقل ضبابية عن سياسة التشغيل. كما تتسم هذه التصورات بتكريس الدور "المحايد" للدولة والمنتظر لمبادرة الخواص للنهوض بهذه المناطق في غياب تصور استراتيجي تتكفل به المجموعة الوطنية بالاشتراك مع الهيكل المحلية. ذلك أن مجمل مقترحات الميزان الاقتصادي تتعلق بحفز الاستثمار الخاص عبر التخفيض من طرف الدولة في كلفة الاستثمار بالمناطق الداخلية.  من ذلك خفض الكلفة الجبائية الموظفة على المشاريع و الترفيع في سقف المنح المسداة للمشاريع الخاصة والترفيع في مساهمة الدولة في مصاريف البنية الأساسية والإعفاء من الأداءات على الأجور و التكوين المهني.
 إن مثل هذا التصور علاوة على أنه لا يستجيب لضرورة المرحلة وخطورة الوضع في الجهات, فإنه يتجاهل انعدام جدوى هذا التمشي إلى حد الآن ذلك أن الحوافز الجبائية لم تمثل الى حد الآن العامل المؤثر و الحاسم في قرار الانتصاب بالمناطق المحرومة سواء للتونسيين أو الأجانب بل بات من الضروري التفكير في توفير البنية الأساسية من طرقات واتصالات ...إلخ وفق تمش يؤسس للديمقراطية المحلية  قصد تحديد الحاجيات وتشريك المواطن وشحذ روح المواطنة فيه لوضع حد لظاهرة تخريب الملك العام.
إلى جانب ذلك يجدر التطرق وجوبا إلى استعادة الأمن وتوفير متطلبات العيش اليومي والإقامة من تجهيزات عامة صحية وثقافية وتربوية تجعل العيش يستطيب لكل من يريد الاستقرار بهذه المناطق قصد العمل أو الإقامة بغرض الاستثمار. كما يجدر أن يتطرق مشروع الميزان الاقتصادي إلى مشكل السكن الاجتماعي بالجهات الداخلية خصوصا أمام توفر الأراضي وزهد ثمنها بالقياس بالمدن الكبرى.
بالنهاية نخلص إلى أن حكومة السيد الجبالي آثرت التقيد باختيارات الحكومة المتخلية في انقطاع تام مع الوعود الانتخابية المتنوعة للائتلاف الحاكم ولم تجُد ولو بمجرد الإشارة إلى الإشكاليات القائمة وسبل معالجتها أو التفكير في شأنها بطريقة تشاركية. إننا لا نزال أمام هيمنة التصورات الليبرالية للنظام القديم فلا ثورة ولا هم يحزنون.

 بالإشتراك مع الاستاذ سامي العوادي. (مقال نشر بجريدة الشعب، العدد1160 )